Bienheureux les pauvres d'esprit

Sédir, Initiations a écrit:

L’Évangile dit :

Bienheureux les pauvres d’esprit.

Or, l’esprit de l'homme n’est connu de personne sauf de ceux qui ont mérité de vivre dans l’océan infini de lumière sur lequel passent les souffles de l’Esprit pur. Nous autres, nous ne possédons de cette lumière essentielle qu’une image brumeuse et alourdie. Chacun de nos travaux précise cette image, la complète et la fortifie ; mais nous ne pourrons jamais par nos propres forces, faire qu’elle devienne une réalité.

Ainsi, plus un homme est âgé, plus le chemin qu’il a parcouru est long, plus l’image particulière de l’Esprit qu’il a en lui possède de force et ressemble à l’étincelle incréée dont au commence ment, il reçut le dépôt….
« Mais les hommes sont naïfs ; ils croient en eux-mêmes ; ils prennent l’ombre passive pour l’objet actif, et ils s’attachent de toutes leurs forces à faire grandir cette ombre sans voir qu’ils s’éloignent de plus en plus vers les royaumes inconnus du Néant. Quelques-uns entrevoient l’erreur commune ; ceux-là ont mis le pied sur la route qui mène à la pauvreté ; après avoir appris toutes les leçons que ce monde leur enseigne, ils commencent les oublier, et le Ciel s’approche d’eux dans la mesure où ils approfondissent leur mystérieuse ignorance. »

« Tu t’es donné pendant des siècles, beaucoup de mal pour apprendre la Science ; tu as cru en ton idole, jusqu’au jour, où tu t’aperçois de son vide.

« N’as-tu pas appris que le binaire se voit partout dans la création ? Les livres que tu as lus, les savants que tu as rencontrés, bouddhistes, brahmes ou tong—sengs, t’ont fait voir dans leurs Sa‘ktis, leurs Pralayas, leurs Kouas, qu’un mouvement en appelle toujours un autre de sens contraire. Quand tu lèves le bras pour soulever un fardeau, ton épaule et le reste de ton corps déploient une force égale et de sens contraire. « Depuis tant d’années que tu étudies, les cellules de ta substance grise ont emmagasiné un grand nombre de concepts ; les cellules de ta substance blanche ont acquis une sensibilité anormale ; tu as découvert en toi beaucoup d’organismes inconnus, et suivant ta préoccupation du moment, tu les as baptisés : corps astral, nephesch, Linga-Sha rira, Ananda mayakosha, et ainsi de suite. «

«Tu as pris de la force où tu as pu, tu es devenu une sorte d’hercule, décoratif, mais peu utile. Comme les lutteurs qui s’exhibent en public, tu peux donner un effort prodigieux, de façon que les autres hommes t’envient, mais il ne sert à rien qu’à te rendre vaniteux. « Partout, les êtres naissent, croissent et diminuent; ton corps visible suit cette loi; penses—tu que tes corps invisibles puissent y échapper. Après avoir conquis de vive lutte des pouvoirs occultes, il te faudra les restituer ; après avoir appris, il te faudra oublier.